Une photo réussie est une photo qui raconte à chacun une histoire, peut être une histoire différente pour chacun. Il y a quelques jours, nous vous invitions à écrire ce que vous disent les photos. Voici un texte signé J.C.
Avec les précautions d’usage.
Avec les précautions d’usage.
Léon Carrère est sous le choc. Il se souvient d’avoir marié à l’automne 1912 Jean Marie Rey et sa jeune fiancée Marie Louise Dominiquette Soubie. Jean-François, le père de Jean-Marie, était aux côtés du marié, habillé en dimanche. Ses sœurs Félicie et Louise s'étaient faites belles. Le père Soubie, soixante dix ans passés, était alors toujours menuisier à Guchan.
Léon pense à de ce jour d’été 1914. Il avait salué les jeunes mobilisés du village. On reviendrait très vite… Jean Marie Rey partait pour le front de l’est. Où sont les autres, s'interroge Léon.
Léon Carrère doit faire son devoir. A pas lents, le noeud au ventre, il se dirige vers la ferme de son ami Jean-François, à la Pénette proche. « Les précautions d’usage », écrivent-ils ! Messager du malheur, il pressent que ce n’est que la première fois.
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Ce 8 mai 2019, Jean Paucis le maire de Bourisp a invité la population à honorer les hommes du village morts pour la France. Il égrène les noms pendant que chacun scande « Mort pour la France » : Henri Brau, François Pellarrey, Jean Marie Rey, Joseph Bielsa, Jean Pierre Carrère, Etienne Passarieu, Louis Pellarrey, Bernard Toujas, Marcel Puertolas, Claude Carrère.
Que reste-il du souvenir de ces jeunes sacrifiés : cette cérémonie, un nom sur le monument aux Morts, trois actes officiels dans les registres de l’état civil…? Mais encore ? Une tombe ? Sans doute pas, la plupart des corps des soldats n’ont pas été rendus à leurs familles. A-t-on seulement une photo de l’un deux ?
J.C.
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