Le mois de Marie
Je me souviens de la fête du mois de Marie.
Nous les filles, nous étions quelque peu excitées car il fallait que nos mères préparent la corbeille de fleurs. Cette corbeille, en général une boîte à chaussures recouverte d’un beau tissu doux avec des dentelles. Ce serait à celle qui aurait la plus belle.
Je me rappelle la mienne recouverte d’un velours vert pâle avec une dentelle au bord et le beau ruban autour du cou. Puis les pétales de fleurs qui étaient disposés à l’intérieur. Oh, que j’étais fière avec mes 8 ans et les pétales de pivoines rouges et roses que m’avait données la voisine, Bernadette dite Née. Oui, j’étais la seule à avoir ces pétales de pivoine. Quel honneur et quel orgueil de petite fille.
La procession de Bourisp, 21 mai 1914 |
Puis, la messe, le prêtre sous le dais porté par les hommes du village, les garçons dans leurs habits d’enfants de chœur qui essayaient d’être sérieux. Mais réprimer un sourire, une envie de rire n’était pas facile sous l’œil réprobateur des grands-mères. Grands-mères, la tête couverte de leur mantille, qui suivaient la procession en chantant ou en marmonnant les cantiques.
Et nous les filles, devant le dais, arrivées devant les autels dressés dans certains endroits du village -lieux choisis je ne sais par qui et comment- les mêmes chaque année, nous nous sentions investies d’une grande mission : répandre d’un large geste de la main les fleurs sur le parvis de l’autel. Quelle responsabilité à 8 ans… mais oui !
Puis la boîte vide, le retour à l’église, à la maison… Ensuite, nous devions ranger la « boîte à fleurs » à l’abri dans un coin du placard en attendant le prochain mois de Marie.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire