mercredi 17 juillet 2019

Je me souviens (6): la vie continue

Jeudi 11 juillet, dans un environnement de cent photos de Bourisp au siècle dernier, chacun s'est attaché à écrire ses souvenirs lors d'un atelier d'écriture animé par Marie-Claude. Ce sont ces productions que nous vous présentons chaque jour. Voici un texte d'Anne Marie. 


La vie continue...

Je me souviens. Etant née en 1939, j’entends Maman dire « quel drame d’apprendre à nouveau cette nouvelle ! » Lorsqu’elle m’allaitait, j’avais 3 mois à la déclaration de guerre. Jeune maman et jeune papa, ils avaient déjà 4 enfants. Mon souvenir le plus net, c’est d’avoir connu ma sœur Geneviève qui allait mourir à l’âge de 5 ans d’une leucémie. Elle appelait Maman pour que mon frère de 15 mois mon aîné et moi-même, 2ans ½, la laissions au calme.

Souvenir du déplacement vers une maison chez ma tante entre Aix et Marseille pour être plus à l’abri, car à Berres, c’était occupé par les allemands. Ma petite sœur Régine née en février 1948 avait apporté un rayon de soleil à mes parents malgré la peine. Elle avait évité à Papa de partir en Allemagne car à nouveau nous étions 4 enfants avec mon grand-frère Gérard.

La guerre enfin terminée, nous avons pu reprendre la vie presque normale et envisager les départs en vacances…. D’abord la Normandie où Papa était né et avait toute sa nombreuse famille – ils étaient 10 -. Le Havre avait été très touché, mais heureusement tout le monde était en vie. Vacances à la campagne avec la bonne nourriture et beaucoup d’amour. L’année d’après ce fut le tour d’aller dans les Pyrénées tous en famille. Prendre le train, quelle expédition… Arrivée à Bourisp par le petit car d’Arreau jusqu’à la croix où notre cousin nous attendait avec une brouette pour charger malles et valises. Malgré le confort rustique –pas d’eau courante, les cabinets au fond du jardin, les douches dans la cour- cela nous changeait. Que du bonheur avec notre famille de Marseille, cousins, cousines, repas dans la grande salle avec sa belle cheminée, départs en montagne, car marcher ne nous faisait pas peur. Nous revenions de vacances avec de belles mines pour reprendre l’école à la rentrée d’octobre. 

Petite école privée jusqu’à l’entrée en 6ème. La directrice était sévère, mais juste et exigeante – l’effort, la belle écriture. Ensuite la perspective de partir à Aix-en-Provence en 6ème, toujours en privé au pensionnat de la Nativité après avoir fait la communion solennelle.

La deux chevaux rouge
Soutenus par des parents aimants nous avons tous les quatre tracé notre chemin. Je me destinais à être infirmière, donc direction l’école de la Croix Rouge à 19 ans. Interne à Marseille, c’était dur et avec beaucoup de travail. Aussi bien en stage où j’ai appris les belles choses et les moins belles choses de la vie. Mon diplôme après 3 ans est venu couronner le tout. Là le travail tout de suite en milieu hospitalier et quelques plaisirs dans le sport, surtout l’hiver avec le ski. Et lors d’un séjour de 15 jours en Autriche au Tyrol, j’ai rencontré un jeune homme, Claude qui devint mon mari. Un peu grâce à la photo : j’avais raté les miennes, cela a déclenché des rencontres. Il avait une belle 2CV rouge toute neuve. Et il a mis les pieds dans les Pyrénées pour venir me rejoindre en Vallée d’Aure, voici 55 ans.

Une autre vie s’est ouverte pour nous deux. Création d’une famille de 3 enfants après 6 années d’attente. Le bonheur…  entrainant dans des voyages toute la famille en Suisse, Autriche, Espagne, Norvège et autres moins lointains.

La vie continue avec de grandes joies et quelques peines avec le départ de nos parents et frères…



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